Le capitalisme moderne est organisé comme une gigantesque société anonyme. A la base, trois cents millions d'actionnaires contrôlent la quasi-totalité de la capitalisation boursière mondiale. Souvent d'âge mûr, de formation supérieure, avec un niveau de revenus relativement élevé, ils confient la moitié de leurs avoirs financiers à quelques dizaines de milliers de gestionnaires pour compte de tiers dont le seul but est d'enrichir leurs mandants. Les techniques pour y parvenir s'appuient sur les règles du " gouvernement d'entreprise " et conduisent à des exigences de rentabilité excessives. Elles transforment les chefs d'entreprise en serviteurs zélés, voire en esclaves dorés des actionnaires, et polluent de pure cupidité la légitime volonté d'entreprendre. Ainsi le capitalisme n'est pas seulement le modèle unique d'organisation de la vie économique mondiale : il est devenu " total " au sens où il règne sans partage ni contre-pouvoir sur le monde et ses richesses.
Jean Peyrelevade Boeken


France, état critique
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Avec inconscience et arrogance, la France continue à vivre dans sa bulle économique. Elle est persuadée que celle-ci n'éclatera jamais, que son génie particulier et la grandeur de son Histoire lui permettront d'échapper aux difficultés des pays de l'Europe du Sud, et qu'ils garantiront sa prospérité future. La dure vérité des statistiques prouve pourtant que le déclin économique français n'est pas une vue de l'esprit. Tous les indicateurs signalent que notre pays vit au-dessus de ses moyens. Mais cette inquiétante réalité est occultée par le déni de ses dirigeants politiques. Pour assainir ses comptes publics, restaurer son appareil productif et retrouver une croissance forte et durable, il est inévitable que la France, devenue paresseuse, se remette au travail, augmente ses impôts et bride la consommation, au moins provisoirement. Mais "chut" !, tout cela, bien sûr, si l'on veut se faire élire, il ne faut surtout pas le dire...