Les relations franco-allemandes
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"L'Allemagne est entrée dans un processus de transformation profonde. Confrontée aux mutations démographiques d'une société vieillissante, elle doit assurer la survie de son système de retraite et une intégration accélérée d'immigrants attirés par le succès de son modèle économique. Elle doit aussi maintenir les équilibres internes d'une société atomisée, face aux revendications légitimes de ses composantes, qu'il s'agisse des femmes aspirant aux responsabilités, des personnes âgées toujours plus nombreuses, des homosexuels en quête de reconnaissance ou des minorités religieuses, tiraillées entre l'assimilation et la rupture. L'Allemagne du XXIe siècle, toujours confrontée à son passé omniprésent, se débat pour juguler la désertification de ses campagnes et réformer une structure fédérale dépassée. Grande puissance industrielle, elle doit relever le double défi du numérique et d'une politique d'enseignement tendant vers l'excellence sans négliger la précarité croissante de ses populations défavorisées, enfermées dans les structures dites de "Hartz-IV". Enfin, puissance "civile" par excellence, elle doit accepter le rôle international qui lui incombe, y compris sur le plan militaire."--Page 4 of cover
Face à la crise de l'union monétaire européenne, l'Allemagne prend acte avec amertume des violations répétées de ses règles de fonctionnement. État fédéral par excellence, elle hésite à s’engager vers une fédéralisation de l’UE, mesurant l’ampleur des sacrifices financiers qu’elle entraînerait. Certains de ses dirigeants avouent une foi européenne déclinante et insistent sur un respect de plus en plus strict de la souveraineté des États. Berlin soutient désormais la vision française d’une gouvernance économique de l’euro, mais ne la conçoit que dans un cadre intergouvernemental. Alors que l’engagement européen de l’Allemagne paraît plus incertain, son ancrage transatlantique se fissure. Présent sur de nombreux théâtres, Berlin refuse de s’engager dans des opérations de combat et ne semble toujours pas décidé à doter son armée de moyens crédibles face aux crises. Son abstention à l’ONU lors du vote sur la crise libyenne s’inscrit dans une culture de retenue honorable, mais qui l’éloigne de ses partenaires américain et français, alors qu’il se rapproche des nouveaux centres de pouvoir, Russie ou Chine. Trop forte pour un repli sur soi, trop faible pour les attentes – parfois excessives – de ses partenaires, l’Allemagne demeure une puissance malgré elle.
Quels ont été les changements les plus significatifs? Quels sont les éléments de continuité, d'inflexion, de rupture? Le processus d'unification et l'intégration des nouveaux Länder ont entraîné des changements structurels. Mais d'autres facteurs, internes et externes, ont joué un rôle déterminant dans l'évolution du pays : l'intégration européenne, le bouleversement du contexte international, les mutations de la société allemande elle-même. À l'Est comme à l'Ouest, l'Allemagne est profondément transformée.