Les intellectuels en Suisse au 20e siècle

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Depuis une quinzaine d’années, les recherches sur l’histoire des intellectuels en Suisse se sont intensifiées, influencées par l’historiographie française. Cette dernière a développé l’étude des milieux intellectuels par deux approches principales : l’une, politique, analyse l’engagement des intellectuels dans la société à travers des biographies individuelles et des documents d’action médiatiques ; l’autre, socio-culturelle, se concentre sur les supports d’expression (livres, revues, médias) et les sociabilités internes, tout en les liant au champ du pouvoir. Ce numéro thématique propose des études basées sur ces deux approches, explorant des parcours intellectuels individuels ou des réseaux d’intellectuels, afin de mieux comprendre les formes spécifiques d’engagement en Suisse. Les structures fédérales, le multilinguisme, et la démocratie directe ont poussé les intellectuels suisses à développer des pratiques d’engagement distinctes, différentes du modèle français classique. Des figures comme Ernest Bovet, Walter Matthias Diggelmann, et Max Frisch illustrent ces parcours. L’approche socio-culturelle examine également les conditions d’existence des intellectuels au 20e siècle, en tenant compte des mutations médiatiques et de l’évolution de leur statut. En combinant ces approches, on peut mieux saisir la définition de l’intellectuel en Suisse, marquée par l’interaction entre ses idées et les milieux dans lesquels il évolue.